Il fait un temps lourd et orageux ce soir, je suis seul, bien entendu tu n'es pas là, ton portable débranché, je t'ai déjà laissé 6 messages. Tu ne réponds pas, tu ne veux pas me voir, je ne vais passer mon week-end à t'attendre. Je regarde ma montre, 23h41, je dois prendre une décision, personne, l'appartement est désespèrement vide sans toi. Il y a cette bouteille de champagne qui traîne sur la table basse du salon, ton pull en cachemire en boule sur le canapé... Je me sert une coupe et fini la bouteille.

23h45, j'attrape mon vieux sac Dunhill, je prends de quoi me changer demain, les clés sont dans ma poche. Tu ne me rappelles toujours pas. Je réveille la voiture (fidèle !) au parking. Je gagne le périphérique, puis l'autoroute, je sais où je vais. Quelques averses tombent sur le pare brise, Paris est déjà à 30 km dans mon dos, je peux y aller maintenant, l'aiguille se fixe gentillement sur 250km/h, je file, oui déjà dimanche 17 juin, 00h20 et puis il y a cette porsche qui me double, 260, 270, 275... Je n'ai pas eu le temps de voir les passagers, je sais où ils vont. La nuit sera longue.

Arrivé sur les abords du circuit, j'achète mon billet et mon accès au parking, arrivé dans l'enceinte, je gare la voiture, les phares me révèlent des trésors, elles sont toutes là, mais je suis seul. Je crois que je vais dormir. Les autres sont là, je les entends, elles passent et repassent à intervalles réguliers. Bruyant, mais je me laisse bercer. Je dort, je suis las, mais je rêve de toi.

Les orages passent sur le circuit, et le matin se montre, la journée sera longue pour toutes les machines et les hommes encore présents. Moi, je ne sais pas si je te reverrai ! La vie est une course, oui, mais une course d'endurance.

Pour cette courte histoire, je roulais en Aston martin Vanquish S et je me rendais aux 75 ème 24h du Mans.

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