Chers ami(e)s, voilà donc les dix sélectionnés pour le Festival International des Arts de la Mode de Hyères 2009. Vous aurez le plaisir de découvrir une courte bio, ainsi qu'une première photo représentant les collections présentées. Enjoy and see you in Hyères au mois d'avril.
Source : La Villa Noailles
Steffie Christiaens, Pays-Bas, collection femme : "Eternal Dispersion"
Steffie Christiaens termine actuellement sa dernière année à l’Institut Français de la Mode. Un jour de vent, en filmant un cerisier couvert d’un filet elle a une révélation pour sa collection. Elle en comprend alors le potentiel à la fois poétique et dynamique et décide d’explorer l’image des déplacements d’air sur les matières et les volumes des habits. L’artiste utilise des vêtements basiques qu’elle soumet à la pression du vent et étudie ses effets. À l’instar des Futuristes - on songe ici aux « formes spatiales » d’Umberto Boccioni - elle restitue le dynamisme et la succession des différentes phases des déplacements. Elle capture ces accidents pour créer des formes inédites qui parcourent la silhouette comme des ondes. La styliste veille cependant à ce que les vêtements soulignent les mouvements du corps, le mettent en valeur. Au final, elle s’emploie à dessiner une nouvelle vision du corps féminin et une esthétique asymétrique, énergique, provocante, libre… comme le vent.
Melody Deldjou Fard, Pays-Bas, collection femme : "Body Merging"
Née en Iran, Melody Deldjou Fard vient d’obtenir son diplôme à la l’Ecole Supérieure d’Art d’Utrecht. À cette occasion, elle a présenté ses vêtements sur des poupées, substituts de corps humains. Elle aime à provoquer les controverses et revendique son utilisation de la mode qu’elle considère comme un medium, une tentative d’expression à travers des tissus et du fil. Son thème de prédilection : la fragilité humaine face à la société contemporaine. Sa collection, qu’elle voit comme un pont entre la poésie persane et le design conceptuel hollandais, questionne le rôle de la technique dans la transformation du corps. Basés sur des transparences, les vêtements suggèrent la forme d’organes humains. Des colliers figurent le cœur tandis qu’une robe fendue dans le dos révèle la colonne vertébrale. La soie et le coton se mélangent à des tissus faits de fils métalliques qui gardent la forme du corps qui les a portés. La styliste nous entraîne dans une expérimentation ouvrant une nouvelle façon de voir la mode.
Anaïs Dougnac, France, collection femme: "As far As"
Anaïs Dougnac a terminé ses études à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs l’année dernière. Elle aime à concevoir des « vêtements-objets », accumulant les détails soignés, comme des miniatures au fonctionnement poétique et délicat. Voulant décrocher la lune, notre rêveuse conçoit un parfum onirique comme point de départ d’une collection au titre prometteur : « As far As… », « aussi loin que… ».
Cet inaccessible lointain, il est question de partir l’explorer et la styliste imagine comment équiper quelques aventurières. S’inspirant par exemple des tenues d’aviateurs, elle leur dessine des bottes de voyageuses garnies de plumes, des tenues en formes d’ailes. Mais il n’est pas question d’en faire des anges mièvres ou des créatures diaphanes. Le pari consiste alors à détourner les codes du vestiaire masculin pour le faire glisser insidieusement dans un répertoire féminin : le nœud papillon devient nœud de lingerie. Anaïs s’amuse à conjuguer sensibilité et énergie dans un même élan, malicieux et taquin.
Alice Knackfuss, Allemagne, collection homme : "Heimwärts"
Alice Knackfuss vient d’être diplômée de l’Académie de Mode et de Design de Munich. Elle présente une collection qui prend pour thème le conflit entre les besoins individuels et les règles de la société. Ces déchirements se cristallisent au moment de l’enfance et perdurent dans la vie adulte comme d’anciennes blessures À partir d’une garde-robe masculine du début du 20ème siècle, particulièrement codifiée, qu’elle transforme, disloque, re-interprète elle entend figurer ces enjeux psychologiques et sociaux qui pèsent sur notre inconscient. Les silhouettes tubulaires et étroites aux épaules basses suggèrent la contrainte, les formes plus lâches représentent le besoin d’un environnement sain, de sécurité. Elle crée des « maladresses », des détails secrets, qui contournent les règles et inventent de nouvelles grilles de lecture. Un poème de Rainer Maria Rilke, dont des extraits sont cousus sur des brassards, égrène la litanie des doutes et des questions qui nous rendent plus fort.
Harald Lunde Helgesen, Norvège, collection homme : "2509 BC"
Harald Lunde Helgesen étudie à l’Institut d’Art de Bournemouth au Royaume Uni. Il a basé sa collection sur l’idée de l’excavation. Il a trouvé dans les fouilles de l’ancienne Mésopotamie un terrain propice à son inspiration. Il prélève dans la poussière du désert des éléments vestimentaires oubliés que ce soient les kaunakès, ces robes de laine de mouton que portaient les prêtres sumériens, ou les tenues des ouvriers qui, de nos jours, réalisent les fouilles. Ces derniers portent aussi bien le traditionnel foulard que le veston occidental. Ces mélanges, temporels ou géographiques, ont guidé le styliste qui travaille en déclinant quatre ou cinq fois une silhouette, en la « creusant », avant d’atteindre un résultat satisfaisant. Le fait d’excaver, de gratter les couches n’est pas qu’une métaphore. Grâce à la technique du papier de tournesol, connu pour ses propriétés chimiques, il a modifié la couleur marron de certains textiles, révélant de façon inattendue, des bleus, des oranges … mettant à jour une beauté cachée.
Marite Mastina et Rolands Peterkops, Lettonie, collection mixte: "Private detective"
Marite Mastina & Rolands Peterkops sont issus de l’Académie d’art de Lettonie et signent sous la griffe Mareunrol’s. Ils aiment faire intervenir d’autres media sans relation directe avec la mode. Ainsi, ils ont réalisé un court-métrage parodique pour cette collection essentiellement inspirée par les codes du cinéma noir. Ils en reprennent les stéréotypes les plus éculés : l’imperméable du détective, la robe sexy de l’héroïne, le manteau de l’espion, etc.
Tous ces clichés sont soumis à un dessin exagéré, à des proportions distordues et des contrastes accentués. Pour chaque personnage, les stylistes ont pensé une gamme de détails et de matières afin de souligner leur caractère propre. Une journaliste « endurcie » est habillée d’un tissu à damier tressé qui forme une sorte d’armure. Les accessoires de laine caractérisent les personnalités plus flamboyantes. Enfin toutes les silhouettes sont coiffées d’immenses perruques. Jeux de rôles, humour noir, bande dessinée se donnent rendez-vous dans cette collection au surréalisme plus qu’assumé.
Maxime Simoens, France, collection femme : "Kaléidoscope"
Maxime Simoens est issu de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne. Le kaléidoscope, tube de miroirs réfléchissant à l'infini et en couleurs la lumière extérieure, constitue le motif central de sa collection. Dans la mesure où il possède à la fois un nombre fini d'éléments dans un espace clos mais autorise pourtant un nombre indéfini de combinaisons, il illustre un principe de création : le simple réagencement de ce qui existe déjà auparavant. Ce ne sont pas les éléments qui font le tout, mais la forme que prend leur combinaison. Sous un changement apparemment incessant, les mêmes figures réapparaissent toujours : la mode meurt, le vêtement vit toujours. La géométrie des silhouettes conciliant structure et fluidité révèlent une féminité sensuelle, glamour et élégante. Prenant pour modèle l’actrice américaine Louise Brooks, le styliste cherche par la précision des lignes et l’allure résolument moderne à insuffler à la femme une assurance évidente.
Anemone Skjoldager, Danemark, collection femme : "The Collection"
Anemone Skjoldager est diplômée depuis l’année dernière de l’École Danoise de Design. Son travail questionne l’interaction entre l’individu et la collectivité, et l’impact de cette rencontre sur l’identité. Elle convoque, pour éclaircir son propos, l’image des acrobates qui dépendent les uns des autres ou des personnages d’une pièce de théâtre qui agissent en fonction d’un effet d’ensemble. Continuant sa réflexion, elle s’interroge sur le camouflage : animaux ou bateaux de guerre se confondant avec leur environnement. Dans un film, elle expérimente des projections sur des silhouettes blanches. Inspirée par les ballets Triadiques d’Oskar Schlemmer ou le travail de Moholy-Nagy, elle utilise les formes géométriques noires et blanches comme base de langage. Dès lors, les vêtements abstraits sont construits à même le rythme des motifs reconstruisant les formes du corps, invitant au mouvement et au mélange des lignes. Chaque silhouette est à la fois autonome et partie d’un groupe où chacun interagit sur l’autre.
Simon-Pierre Toussaint, Belgique, collection homme : " The trees can hear you if you talk to them"
Simon-Pierre Toussaint reçoit en 2008 son diplôme de l’Académie Royale des Beaux-Arts d'Anvers. Puisant dans ses souvenirs, il conçoit une collection baroque qui évoque les incertitudes de l’adolescence. Toutes les silhouettes comprennent des sous-vêtements d’un blanc virginal sur lesquels s’inscrivent les différentes phases de la métamorphose. De son passage chez les scouts, le styliste a retenu des codes, des couleurs, des mélanges de matières : coton, K-way, lainage, maille. Il leur emprunte aussi leur carte d’étoiles qu’il place au revers des manteaux. Des accessoires de cuir et des coupes plus structurées apportent une touche plus masculine, plus active. Entre les signes d’une maturité à venir et les réminiscences de l’enfance, d’étonnantes hybridations se développent à l’image d’un sac de couchage - manteau ou encore d’une armure de bois. Symbole de repli et de force, elle couvre le garçon, comme l’écorce venant protéger le jeune tronc.
Thomas Trautwein, France, collection homme : "Bandit Couture"
Formé à l’Atelier Chardon Savard, Thomas Trautwein aime à procéder de manière instinctive. Il accumule durant un long moment des matériaux, des idées, il se nourrit d’images et de références qu’il décante et modifie selon un schéma personnel. Il prend pour point de départ de sa collection ses thèmes de prédilections : la légende de l’Ouest. Les figures de Jessie James, les acteurs phares du western, Eastwood, Bronson, les personnages de BD composent une base sur laquelle il faut broder. Les connaisseurs reconnaîtront un goût prononcé pour l’architecture du vêtement, le travail sur les proportions, les décalages, les découpes, rappelant quelque chose d’un Hussein Chalayan, pour ne citer que lui. La cape du héros passe sous le gilet tandis que des détails prennent une importance imprévue. La trame anguleuse d’un patchwork et le tombé classieux d’un drapé se heurtent dans une même silhouette. Le styliste avance masqué, s’amuse à brouiller les pistes et défier les lois, tout comme son « Bandit couture ».
Commentaires
Pour certains c'est vraiment de l'expérimental !!! ouff
@ Stiggy : c'est le but. Mufff. @ +++
De l'originalité en perspective...qu'elle soit un minimum portable...c'est tout ce que l'on demande ;)
@ Fashionstyle : Tout à fait. La mode doit être faite pour être portée sinon à quoi bon ?!
Merci pour cette introduction aux stars de demain...
Gros coup de coeur pour la douceur poétique de Melody Deldjou Fard et les lignes pures et élégantes de Maxime Simoens.
x
Et toi, tu as un /des coups de coeur déjà? x
@ Alize : je vais dire que nous avons presque tout bon tous les deux sur nos favoris et je rajouterais le duo letton Marite Mastina et Rolands Peterkops. Mais chuttttttt ! J'aimerais bien que les français gagnent cette année.
@ +++
Ouh du scoop!! ;)
J'espère vraiment venir au festival maintenant!
x x
Hello.
Annoncer une "nouvelle vague" et mettre en avant des seniors comme Steven Meisel et Peter Knapp... on est plutôt dans la (très) vague nouveauté ;)
@ Alize, ce serait sympa que tu viennes effectivement. Faudra Attendre encore un peu pour le "scoop". @ +++
@ Tom, bien vu et puis l'affiche ne fait pas très nouvelle vague, bref, je crois que c'est surtout pour la sélection des jeunes créateurs et des jeunes photographes.
Toujours l'oeil affuté ce Tom. @ +++
Je suis sous le charme de Steffie Christiaens, Melody Deldjou Fard, Anaïs Dougnac et Maxime Simoens ! Quels talents !
@ Imela : Belle sélection de ta part. Attendons de voir la suite. @ +++
Mince! J'avais loupé ça! Vais essayer d'y aller le 25, je vais tout de suite noter tout ça! J'aime bien Marite Mastina et Steffie et puis aussi Thomas et puis Simon, les autres, pas trop :)! Bon, je poursuis donc tes articles, punaise j'ai pris grave du retard!
@ Sand : je vois çà, rires.