Être loin de Paris présente certains inconvénients, être temporairement éloigné d'une personne qui nous est chère, c'est important sur un plan intime, mais cela aussi peut se révéler quelque peu ennuyeux sur un plan professionnel, comme par exemple devoir répondre par la négative à des sollicitations comme celles de la Maison Serge Lutens. En tant qu'homme je n'ai pas beaucoup d'attrait pour toute la cosmétique mais la parfumerie m'intéresse car elle touche aux sens...
Je ne sais pas si c'est une idée que je me fais de lui mais j'ai le sentiment que depuis 1982 et la conception de son premier parfum "Nombre Noir" pour la maison Shiseido, en passant par "Féminité du bois" en 1992, Serge Lutens est un homme qui possède l'élégance de l'ombre, l'élégance de la discrétion. Est ce aussi pour cette raison qu'il attendra les années 2000 pour lancer sa propre marque ?
Avec Datura noir (2002), Clair de musc (2003) et Serge noire (2009), Serge Lutens souhaitait remettre en avant 3 fragrances représentant pour lui les trois sens particuliers de son univers créatif et olfactif, les associer sous une même voute céleste, "Les trois nuits"... la senteur Datura Noir qui renvoie à une obsédante luminosité. Les mots sont fort mais il s’agit d’une fragrance narcotique car la fleur de Datura est un poison. Clair de musc prend une autre direction, dans la délicatesse avec l’utilisation du musc. Une note d'ordinaire très présente qui se retrouve épurée à son extrême, dépouillée de son aspect animal. Une fragrance qui évoque l’enfance, le réconfort, la douceur. Religieusement nous terminons par la touche mystique de Serge Noir, un parfum ambivalent qui exprime la complexité de Monsieur Lutens.
Vous l'aurez compris que cette approche "troublée" de la maison Serge Lutens de ma part n'est que le point de départ, une prise de contact car la personnalité et l'élégance de l'homme en costume et cravate noire mérite une mise en lumière plus évidente... c'est un début pour comprendre la fascination que les créations de cet homme là, peuvent provoquer sur les femmes, oui je pense à vous Madame... Un jour j'irai sous les arcades du Palais Royal.
© Serge Lutens