Je ne m'attendais pas à ce que cette fin de semaine parisienne se transforme en semaine charentaise ! J'ai été invité à suivre mardi 3 novembre, hier donc, les évènements autour du 60ème anniversaire du Comité Colbert (je vous en reparle rapidement) au Château de Versailles, manifestation au cours de laquelle Pierrette Trichet, ancienne Maître de Chai de la maison Rémy Martin a reçu les insignes de Chevalier des Arts et des Lettres. Elle était accompagnée de Baptiste Loiseau, le nouveau "gardien" du monument Louis XIII et des cognacs Rémy Martin. L'occasion pour moi de discuter rapidement avec Baptiste de sa rencontre avec Francis Kurkdjian célèbre nez et créateur de parfum.
Une très grande partie du travail de Baptiste Loiseau consiste à assembler les différentes eaux-de-vie pour en faire les meilleurs cognacs. Un exercice, vous vous en doutez, où le palais et le nez sont fortement mis à contribution. L'évidence est subtile comme la délicate senteur d'un grand cognac mais ces deux hommes de "sensations'" que ce sont Baptiste et Francis devaient se rencontrer.
La connaissance des deux hommes date de l'été 2014, en pleine année commémorative des 140 ans d'existence du cognac Louis XIII et ce dans la pénombre des chais de pierre. Il est question d'analogie entre les savoir-faire, de sensibilité, de correspondances d'idées. Baptiste m'a expliqué que c'était une façon pour lui de s'ouvrir à de nouveaux champs lexicaux et sensitifs, des tête-à-tête partagés entre Cognac et le laboratoire de Francis Kurkdjian.
La dégustation progressive, une eau-de-vie issue de la récolte de 2013, une eau-de-vie de 10 ans d’âge et la dernière de 40 ans d’âge aura mis en valeur toute la complexité de l'assemblage, révélant au passage l'évolution des notes de têtes pour Francis, les arômes pour Baptiste. L'apogée de la rencontre, une dégustation de Louis XIII qui ne peut laisser indifférent, j'en suis témoin pour l'avoir savouré à deux reprises. Baptiste Loiseau, maître de chai de Louis XIII, mène la dégustation. Les notes aromatiques se décrochent l’une après l’autre permettant de les identifier, les apprivoiser. Quand Francis vient compléter avec son interprétation ce qu’il ressent, le parfumeur agite son verre vide comme une touche, libérant ainsi d’autres arômes. Une gestuelle souple et singulière qui apporte la preuve de la persistance de Louis XIII. Expérience que je vous confirme aussi. Lors de ma dégustation du Louis XIII Rare Cask en 2013, mon verre a gardé les senteurs du cognac pendant presque une demi journée, incroyable !
Je n'ai pas de précisions complètes et réelles sur les échanges de cette dernière rencontre "dégustative" du 23 octobre dans la suite Katara de l'Hôtel Peninsula à Paris, mais j'imagine qu'être confronté à deux grands professionnels comme Francis Kurkdjian et Baptiste Loiseau devait être très enrichissant pour les témoins de cet instant !
